19 août 2007

Au bordel du desert

A bordel du désert, aucun vol de faucon lanier ni de gangas, aucun rapace de grande envergure. Je regardais voler les bouvreuils et les sirlis, qui piaillaient autour d’une mare saumâtre, pourrie d’un cadavre de gazelle. Ca glandouillait dans les vagues sèches, ça puait l’envie moite.
Au bordel vivaient des airs, des genres que l’on se fout au rapport, à sec ; vidés, ils entassaient les chaleurs stériles. C’était ça, le bordel du désert. Des corps qui desséchaient sans sueur, des bouches qui suçaient avidement, jusqu’au dernier liquide blanc et sirupeux les troncs des palmiers usés. Ca gargouillait jusqu’aux fonds des gorges, sous la dune des instincts arrondis pour une passe à deux mâles.
Au bord de l’oasis modeste et nauséabond, c’était l’écumé des merdes. Ces chairs dépecées, fouillées de petits à-coups, avides, de becs mous et fébriles.
Moi au bordel du désert, j’étais une assoiffée comme les autres. Mais je ne faisais rien d’autre qu’observer, des lézards pleins l’âme, écouter, des crissements pleins les yeux. Je ne pouvais pas les baiser, pas comme les autres. Je ne pouvais que témoigner d’une autre mer, d’un autre temps ; peur de les prendre de force, peur d’y brûler leur monde.
Je leur donnais alors des clichés, au gré de mes ensevelissements, et l’éblouissement les rendait beaux.
Avec moi, le sable coulait, en humeurs abondantes.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La cadence en brut surprenant!!..Franc parler charmant d'une bouche bien emplie de méthaphores coloriées..
Je reconnais un monde..ainsi sous ton doigté..smile...and kisses..

Anonyme a dit…

le mouvement...oui je connais..je crois..smile...kissme hardy